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louis claude st martin.

  • Joseph de Maistre

        

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          Maistre

     

    Un des plus fervent partisans de la Contre-Révolution, champion de l'ordre et pourfendeur des idées nouvelles comme le décrivent ses adversaires.

    Lui-même, adversaire  résolu de la Pensée des Lumières, il a développé  en réaction une philosophie de l'autorité qui peut légitimement révolter une conscience moderne. Que pense-t-il de la Déclaration des droits de l'homme ?

    Les révolutionnaires français en s'attachant aux intérêts de genre humain n'ont pas pensé à son principe unificateur, ils ont développé les potentialités funestes d'un impérialisme portant en lui les germes de la Terreur.

    Que dit-il de la Souveraineté du peuple socle de la démocratie  ?

    Il dénonce les illusions de l'égalitarisme , mettant le pouvoir réel entre les mains de quelques élus , système qui conduit à l'oppression du plus grand nombre.

    Comment accueille-t-il enfin l'idéal éclairé d'un monde de tolérance délivré du fanatisme ?.

    Sous couvert d'humanité , les partisans de la Tolérance ont fait le lit de l'incroyance.

    Mieux vaut selon lui , une sage institution comme l'Inquisition qui soumet la raison individuelle par la crainte , assurant ainsi l'unité et la paix d'une nation.

    Pour M., la philosophie de Lumières , dans le prolongement de la Réforme porte en elle ''un esprit d'insurrection '' contre toutes les souverainetés.

    Il faut donc lui opposer une réhabilitation du principe d'autorité :

    -autorité métaphysique du créateur  à l'origine de toutes institutions humaines .

    -Autorité politique du monarque dont le pouvoir , légitimé par la Tradition , manifeste le gouvernement de la Providence

    -Autorité spirituelle du souverain pontife que Dieu assiste pour lui conférer l'infaillibilité en matière de Dogme.

    Pour lui, tout Etat tirant ses lois fondamentales d'une source transcendante, les citoyens n'ont d'autre choix que d'obéir.

    Pourquoi lire Maistre ?

    Cioran , philosophe roumain du XXeme en propose un usage thérapeutique comme révulsif parce qu'il est l'inspirateur de '' toutes les formes d'orthodoxie (norme) politique , le génie et la Providence de tous les despotismes''

    ce fut un prophète annonçant le malaise idéologique de notre époque , le désenchantement postmoderne.

    En dépit de ses argument spécieux (susceptible de tromper par son apparence de vérité)et de ses exagérations , Sainte-Beuve dit que ''que Maistre captive ses lecteurs  par l'humeur et la verve de ses raisonnements ;

    Valéry parle de lui comme d'un très grand écrivain , un prosateur magnifique.

    Enfin, Maistre dans ses écrits renverse comme un gant la pensée des Lumières , révélant les potentialités destructrices , aliénantes ou totalitaires  contenu dans l'idéal d'émancipation des Lumières.

    Nombre d'auteurs libéraux  et conservateurs , catholiques ou athées , nostalgiques du siècle de Louis XIV s''approprient tel ou tel aspect des écrits de Maistre.

    Néanmoins, il sera souvent amené à dialoguer avec lui-même comme pour mettre ses paroles en contradiction c'est le cas pour les Soirées de Saint-Pétesbourg ou il fait dialoguer trois personnes dont un Comte, personnage fictif double de Maistre.

    Bien qu'apôtre de l'unité de l’Église , il conservera toute sa vie des sympathies pour l'illuminisme maçonnique .

    Son credo sera l'instauration d'un christianisme transcendantal ; si ce christianisme doit selon lui se réaliser sous l'égide de L'Eglise, il n'en reste pas moins que sa culture maçonnique le pousse à chercher les vérités chrétiennes ailleurs .

    Dans les Ecritures Saintes  certes , mais aussi dans la mythologie païenne et dans les anciens dogmes du judaïsme.

    Cherchant en toutes choses les manifestations de la Parole, il spécule sur la réalité d'une science connue de quelques privilégiés, qui pourraient mettre ''l' homme en communication avec des intelligences d'un ordre supérieur en lui donnant la clef des hiéroglyphes  divins dont l'Ordre est tissé.''

    -Il prend quelque distance avec la théologie officielle en s'appuyant sur les écrits d'Origène et l'idée de ''rédemption diminuée que les hommes obtiendront par leur sacrifice en imitant le Christ.

    Pou M si Jésus est bien ''la grande victime '' qui rédime (Racheter par son sacrifice le genre humain.) , il  ne semble 'etre venu parmi les hommes que pour confirmer la loi du sang qui régit l'univers .

    Ainsi, jésus crucifié n'exempte pas l'homme de verser son sang ; il s'agit du ''dogme de réversibilité''(légitimité de toute offrande de soi à visée vicariante (ou suppléante) permettant d'unir davantage les hommes à Dieu) le juste souffrant à la place du coupable. 

    Mais pour éviter de sacraliser le Mal, l'écrivain préfère se tenir ''au seuil de cette abîme''.

    La pensée « maistrienne » peut-être quelquefois choquante, autoritaire et déroutante, elle est aussi souvent antinomique : chute et rédemption, sacrifice de l'innocence et salut du coupable, liberté humaine et volonté  divine…

    Néanmoins, par ses qualités d'écriture , ses référence érudites, il reste une figure intellectuelle majeure du XIX e siècle, ''alchimiste de la pensée selon Baudelaire ''

    On peut critiquer son ''système de pensée'' mais on  ne peut nier son entreprise intellectuelle, son imagination ardente et'' l'éclat de son style diamantin qui brille tant qu'il pourrait couper'' comme l'écrira  Barbey d'Aurevilly.

     

     

     

    -Né le 1er Avril 1753 à Chambéry, capitale du duché de Savoie qui fait alors partie du Royaume de Sardaigne.

    Il est aîné d'une famille de 10 enfants, élevé dans un milieu pieux et cultivé ou règne une certaine austérité morale.

    Il fait ses études  au Collège royal de Chambéry et poursuit son éducation auprès des Jésuites , qui lui servent de directeur spirituel ;

    De  ces maîtres avisés ; il reçoit une solide formation outre le français, le latin et le grec, il possède plusieurs langues étrangères.

    A 15 ans, soit en 1768, il s'inscrit dans la confrérie des Pénitents noirs dont la fonction essentielle, outre celle de Bienfaisance, était d'assister les condamnés à mort avant leur exécution.

    Dès l'âge de 15 ans, il remplit de notes des registres de lecture qui attestent son insatiable curiosité : il étudie la Bible, les auteurs de l'Antiquité, les pères de l’Église, les érudits et savants humanistes , les écrivains du Grand siècle.            

    Il complète sa culture  classique  par la lecture  des philosophes de son temps , connaît parfaitement Voltaire et Rousseau , se passionne pour la philosophie  anglaise  et possède une édition de l'Encyclopédie.

    En 1771, il quitte Chambéry pour l'Université de Turin, ou il fait de brillantes études de droit.

    Docteur en 1772, il revient en Savoie, ou il commence une carrière de magistrat .

    A 35 ans, il est nommé sénateur .

    Depuis 1774 ,  il fréquente les loges de Chambéry, et après avoir éprouvé les limites d'une franc-maçonnerie trop mondaine à la loge des Trois -Mortiers(maçonnerie qu'il qualifie de société de plaisir) , il adhère au Rite Ecossais Rectifié.

    Il entre alors à la loge de la Parfaite Sincérité , ouverte à l'Illuminisme,'( ce terme chez m. est habituellement associé à la franc-maçonnerie mystique) lequel fait utilement contrepoids au Rationalisme des Lumières.

    Animé d'une foi profonde , que soutient la pratique des sacrements (rites cultuels) , il penche en politique pour une sage monarchie, dont il n'approuve pas la dérive vers l'absolutisme ou le despotisme éclairé : il place ses espoirs dans une élite de conseillers issus comme lui de la F-M et capables de soutenir les rois dans de prudentes réformes.

    En 1786, il se marie avec Mlle De MORAND.

    Dès 1788, il observe avec inquiétude l' agitation qui secoue la France.

    Contrairement à la plupart de ses collègues sénateurs , il condamne la réunion  du clergé , de la noblesse et du Tiers-Etat, (députés de la bourgeoisie)et dès mi-Juillet 1789 prédit un déluge de maux .

    Ce qui ne l'empêche de déplorer l'incapacité des vieilles monarchies aux vertus défaillantes de trouver les ressources d'une possible régénération politique et morale.

    Lorsque les armées révolutionnaires entrent en Savoie le 22 Septembre 1792, M. accompagné de sa femme et de ses enfants , est le seul sénateur chambérien à quitter sa patrie par fidélité au roi Victor-Emmanuel III.

    Au début de 1793, il revient à Chambéry pour défendre ses biens menacés de confiscation .

    Rapidement, il est obligé de fuir et se réfugie en Suisse ou il écrira des ouvrages contre-révolutionnaires dont son Etude sur la Souveraineté qui prend pour cible les théories de Rousseau .

    Exilé à Turin , puis Venise , il aboutit enfin à Saint-Petersbourg en 1802.

    Séparé de sa famille, il entreprend un poste d'ambassadeur au nom du Roi de Sardaigne., familier de l'aristocratie locale , il est présenté à Alexandre Ier.

    Sa plume et sa conversation lui permettent d'acquérir  une position éminente.

    De Russie , il observe l'extraordinaire  ascension de Napoléon .

    En Juillet 1803, la signature du traité de Tilsit consacrant l'alliance D'Alexandre Ier et de Napoléon, il s'enferme alors dans son cabinet et écrit.

    Souffrant toujours de l'absence des siens, il se réfugie dans l écriture,

    Philosophie , ouvrages politiques dont '' l'essai sur les principes générateurs des constitutions politiques'' qui dénonce les illusions et dangers de la ''manie ''constitutionnelle héritée des Lumières.

    C'est aussi à cette époque , qu'il commence ''les Soirées de Saint-Petersbourg'', série d'entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence.

    En Octobre 1814, sa famille le rejoint enfin à Saint-Petersbourg.

    Faisant face à des difficultés financières , il est de plus obligé de quitter Saint-Pétersbourg en Juin 1817, soupçonné de favoriser le prosélytisme de ses amis Jésuites .

    A 64 ans , arrive l'heure des bilans.

    Le 7 Juillet 1817, en route pour Turin , il est reçu froidement par Louis XVIII, mais les salons de Paris lui font un accueil triomphal.

    Sa fin de carrière est ternie par la gêne matérielle et le dépit de voir se poursuivre l'oeuvre de la Révolution.

    1819, il publie '' Du Pape'' ou il expose son idée de l'autorité infaillible du souverain pontife.

    En 1820, il rédige le 11 eme entretien des Soirées de Saint-Petersbourg  ou se trouve réuni les grands thèmes de sa pensée ; la sacralité de la guerre et du bourreau  portant pour lui la marque d'une volonté supérieure à l'homme.

    Il constate le désordre de la guerre dont l'horreur abyssale et l'obscurité du phénomène obligent à faire l'hypothèse du Sacré.

    Depuis sa chute, l'homme si profondément dégradé par le pêché ne peut se laver de cette souillure que par des moyens radicaux.

    Maistre ne fait pas l'apologie de la violence, il considère la guerre comme un décret divin , ce sont les fautes des hommes qui rendent ce mal nécessaire .

    Le Bourreau quant à lui est présenté comme un instrument de la justice à la fois divine et humaine.

    Sacré dans le  sens grec  de ce qui est à la fois saint et profane .Honni par les autre hommes , il est la pierre angulaire de la société .

    Enfin ,  dans le 8éme entretien , il développe un thème qui lui est cher, celui de la réversibilité des vérités et des peines.

    Il y défend la  vérité du  « juste » qui en souffrant volontairement , ne satisfait pas seulement pour lui, mais aussi pour le coupable par voie de réversibilité .

    Ce ''dogme'' de réversibilité s'inspire de la notion de sacrifice dans la théologie chrétienne.

    Le fils de Dieu s'étant offert lui-même en victime sur le bois de la Croix par le rachat de nos fautes , ce sacrifice légitime toutes les formes d'offrande de soi à visée vicariante (suppléante), permettant d'unir davantage les hommes à Dieu.

     

    Contemporain de la Révolution , acteur de la politique en pesant à sa manière sur les gouvernements d'Alexandre Ier et de Louis XVIII , il fut surtout victime de l'ouvrage révolutionnaire.