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  • CORRESPONDANCES AU PRINCE CHARLES DE HESSE-CASSEL

    Je viens vous parler d’autobiographie car Charles De Hesse Cassel a écrit, ou plutôt dicté un livre en 1816, imprimé à Copenhague en 1861 (soit une trentaine d’années après sa mort) intitulé « Les Mémoires de mon temps ».

    Dans ses mémoires, il y relate sa petite enfance, son adolescence, sa vie à la Cour du Danemark, sa carrière militaire, ses rencontres etc…

    Nous savons qu’il est né en 1744 en Allemagne à CASSEL, prince de Hesse. Il est d’une famille princière allemande. Son père, Frédéric, Province de Hesse, se convertit en 1747 à la foi catholique, ce qui éloigne de lui son épouse Marie, fille de Georges II, Roi de Grande-Bretagne, demeurée elle protestante. Charles et ses frères sont éloignés de leur père, puis élevés par leur tante maternelle, Louise, Reine du Danemark, mais elle meurt peu après en 1751. Charles passe donc son enfance et son adolescence à la cour du Roi du Danemark, sous le règne de Frédéric V, puis Frédéric VI, puis son fils Christian VII ou Chrétien VII dont il épousa une des filles.

     

    1. CHAPITRE « La vie en ce temps là »

    Il fut élevé avec ses deux frère à « l’anglaise » on leur donna un gouverneur et un informateur tous les deux Suisses ; tous deux très éloignés dans leurs sentiments des principes d’alors, à savoir le pédantisme, la raideur de la flatterie, les principes d’orgueil très communs dans ces temps là à la cour et à la noblesse allemande. Leur gouverneur, qui s’appelait SEVERY, leur disait souvent quand il entendait des idées vaniteuses :  « Ne vous imaginez rien de ce que vous êtes des Princes, sachez que vous êtes faits de la même boue que tous les autres et que ce n’est que le mérite qui fait les hommes ».

    Charles ajoute : « Personne n’a été plus convaincu de cette vérité que moi ». Les étiquettes, les vanités de rang de la naissance, ont été toujours pour moi un objet de ridicule. Dès mon enfance je mettais ma confiance en Dieu ; je regardais tous les hommes comme égaux à ses yeux, hors mis par leur attachement à lui et à son devoir. C’est le principe sur lequel mon caractère s’est basé sans le savoir. »

    Aussi, il prit pour devise quand il reçut l’Ordre de l’Eléphant à 21 ans « Omnia cum Deo » (tout pour Dieu ou tout avec Dieu). L’ordre de l’Eléphant est un ordre de Chevalerie Danois créé par Christian I en 1462 ; Il fut élevé à Copenhague dans un pays alors neutre et tranquille. Il y vit une cour respectée, décente, sans intrigues, sans luxe superflu, objet de la vénération des sujets et de l’estime des cours étrangères.

    La Norvège de l’époque, pays voisin du Danemark, était traitée en colonie. Elle n’était pas connue car les danois ne voyageaient pas ou peu. La Suède assurait quant à elle, le repos extérieur, c'est-à-dire la paix des frontières. On vivotait, on n’avançait pas, on ne voulait pas avancer. On craignait tout changement, toute amélioration. La justice était précaire. Le paysan était serf au Danemark, pas de justice pour lui, pas de protection contre son propriétaire. Le Maître forçait le serf à se marier avec qui bon lui semblait. Ce ne fut que sous Frédéric VI que tout cela changea par l’abolition de la servitude.

    Charles cite Frédéric VI : « il vainquit tout sans une seule vivacité ; laissant toujours agir la loi seule, et ne se mettant jamais plus en avant que le moment ne l’exigeait. Peu de victoires ont été aussi mémorables que d’affranchir tranquillement le peuple malheureux, des liens les plus honteux auxquels l’homme puisse être soumis et de prouver à la nation entière que les propriétaires ne perdaient rien dans leurs avantages, même, gagnaient dans la suite par un arrangement aussi juste, aussi doux pour le Maître et les sujet, et n’employaient point l’autorité royale par des coups d’Etats mais seulement pour la justice, pour le bonheur et pour l’avantage réel de tous les sujets ».

    A ce moment là, la navigation danoise prit son essor, car avant cela, le commerce se bornait au trafic des biens terrestres. La compagnie asiatique, celle des Indes démarraient. Le commerce maritime danois fructifia en méditerranée. La France était alors considérée comme le siège du goût, des connaissances, des grandeurs humaines et où les arts étaient poussés au plus haut degré. Les fabriques françaises étaient les premières au monde. Le Danemark tirait tout de l’étranger, aussi on essaya de transplanter des fabriques de toutes sortes. Charles disait à propos du commerce qu’il encourageait à se développer « le commerce est un don de la Divinité aux Hommes. Il les rapproche, les réunit et les force à des liens d’amitié et d’intérêt. Lorsque l’on veut tout faire chez soi et exclure tout ce qui est étranger, on reste dans sa coque, on s’isole et on n’y gagne guère ».

    1. CHAPITRE : « La vie militaire »

    En 1761, Elisabeth de Russie mourut et Pierre III lui succéda sur le trône et décida de conquérir le Danemark. Il y eut la mobilisation de l’armée danoise (moitié troupe levée, moitié milice). Charles y reçut un régiment, mais la mort de l’Empereur de Russie assassiné par ses officiers en 1762, stoppa cette guerre débutante. Vient ensuite une longue carrière militaire. En 1763, il reçoit un nouveau régiment : le régiment royal danois qu’il doit remettre en ordre. Le Roi lui donne ensuite le commandement de l’artillerie. Il devient Général-Major. Survient la mort du Roi Frédéric VI en 1766 et son fils Christian VII lui succède.  Le nouveau roi se lie d’amitié avec Charles, ce qui fait des envieux et attire une opposition décidée de la plupart des princes. Le Roi lui propose de se marier avec sa sœur cadette âgée de 16 ans qui n’est point promise. Le Roi donne son assentiment ainsi que la Reine-Mère, mais il fallut passer par le ministère où une opposition se forme, car ils croyaient voir dans cette union avec la famille royale (quoique cousin germain du Roi) une domination totale. Le mariage se déroula le 30 août 1766. A l’âge de 21 ans, le jour de son mariage, Charles est nommé Grand Maître d’Artillerie avec le rang de Général d’Infanterie. On voit ici une liaison intime avec le Roi qui peu à peu va s’estomper car Charles va perdre la tendresse et la confiance royales. Progressivement  les disputes commencent sur la religion. Pour le Roi, son désir des femmes et la sévérité de ses principes religieux, étaient en opposition continuelle avec Charles. A cette époque le Roi n’est pas encore marié et Charles est l’un de ceux qui le connait parfaitement et peut le conseiller et même le contrarier et le contredire. Le Roi se perdit bientôt dans la débauche et dans la crapule. Le Roi montrait 2 visages et de plus en plus se succédaient des crises de folie. Charles cite, en parlant du Roi :  « si je me permettais de parler métaphysique, j’attribuerais à un autre esprit en lui (le Roi) les effets très singuliers de son état (comme quelqu’un de possédé) ». Presque en même temps, Charles perd sa mère qu’il considérait comme une « Divinité », et son fils Guillaume âgé de 3 ans.

    La Reine qui avait comploté contre le Roi, part en exil avec l’aide du Roi d’Angleterre. En août 1772, Gustave iii de Suède fait la révolution en Suède et décide d’agrandir le pays en devenant Roi de Norvège. Il y envoie des émissaires pour y jeter les germes d’une rébellion. La Norvège avait été, jusque là traitée en colonie. Le peuple n’avait point d’argent et le mécontentement grondait. Charles est choisi pour le commandement en Norvège. Le 29 septembre 1772, le Prince Frédéric lui offrit au nom du Roi le commandement de la Norvège. A ce moment là on n’était plus suédois et on commençait à s’apercevoir que le Danemark pouvait bien plus aisément aider la Norvège que la Suède ne pouvait le faire. Mais il avait une autre idée : c’était de faire de la Norvège un royaume indépendant. Charles devint Feld-Maréchal pour service rendu à la Norvège et conserva le commandement général de ce royaume pendant 41 ans, jusqu’au moment où le royaume fut perdu.

    Jean Baptiste Wuillermoz lui donnait le titre de Vice-Roi de Norvège. Plus tard, il prend part à la guerre Prusse-Bohême ou Prusse-Autriche, car on lui demande de faire campagne comme volontaire dans l’armée prussienne. Pendant cette campagne, il se liera avec le Prince Frédéric de Prusse.

     

    1. CHAPITRE « La vie maçonnique »

    Etant parent ou allié de la plupart des monarques et potentats du nord de l’Europe, Charles se passionna dès son adolescence comme ses frères et cousins, pour l’Esotérisme et les sociétés secrètes qui foisonnaient en Scandinavie et dans le Saint Empire et qu’on englobe souvent dans la dénomination « Ecole du Nord ». Il cite « Au printemps de l’année 1774, je fus reçu maçon dans la loge de Slesvig (prolongement de la plaine allemande entre la mer du Nord et la mer Baltique, tantôt région danoise, tantôt allemande). Ce pas a eu sur le reste de ma vie une grande influence qu’on ne saurait le croire, en partie par les liaisons intimes que je fis dans cette société, en partie par les connaissances que j’y acquis ».

    Une anecdote pour sa réception : on vient le chercher. Il y a un voyage en barque où ils se perdent quelques moments. Ensuite ils se prennent dans des filets de pêche plusieurs fois. Ensuite il faut traverser un marais. Ils ont failli ne pas arriver à l’heure. Charles cite « Si je voulais tirer un horoscope, ce voyage dénoterait assez exactement la route tortueuse et difficile que je fus obligé de passer dans la maçonnerie, ainsi que l’état où je la trouvais alors ».

    L’année d’après, il se lien d’amitié avec le Duc Ferdinand De Brunswick jusqu’à la mort de celui-ci (grand Supérieur de l’Ordre). Ensuite rencontre avec le fameux comte de St Germain. Charles accueillit le comte chez lui de 1778 à 1784. Il dit « J’estimais le comte et les prisais de toutes mes forces et de tout mon cœur, prenant journellement de lui 3 heures d’enseignement. Il me parla de grandes choses qu’il voulait faire pour le bien de l’humanité. Il parlait beaucoup de l’embellissement des couleurs » (Charles avait des fabriques de teintures et de textiles qui ne coûtaient presque rien), de l’amélioration des métaux, ajoutant qu’il fallait absolument ne point faire de l’Or si même on savait et resta absolument fidèle à ce principe. Il n’y a  presque rien dans la nature qu’il ne sut améliorer et utiliser. Il me confia presque toutes les connaissances de la nature, mais seulement leur entrée, me faisant alors chercher moi-même par des épreuves, les moyens de réussir et se réjouissant de mes progrès.

     

    Cela se rapporte aux métaux et aux pierres. St Germain fut protégé par les derniers Médicis. Cette maison possédait les plus hautes sciences et il n’y est pas étonnant qu’il y puisât les premières connaissances. Il connaissait les herbes, les plantes à fond et avait inventé les médecines qui prolongeaient sa vie et sa santé. Mais la médecine officielle se déchaîna contre sa science après sa mort. Selon Charles, il mourut à 92 ou 93 ans. Il dit de lui « c’était peut-être un des plus grands philosophes qui ait existé. »

    Ami de l’humanité, ne voulant de l’argent que pour le donner aux pauvres, ami aussi des animaux, son cœur ne s’occupait que du bonheur d’autrui. Il croyait rendre le monde heureux en lui procurant de nouvelles jouissances, de plus belles étoffes, de plus belles couleurs, de bien meilleurs marchés ; car pour lui ces superbes couleurs ne coûtaient presque rien.

     

    « L’année 1782 fut fixée pour la convention maçonnique de Wilhensbad. Le Duc Ferdinand de Brunswick, Grand Supérieur de l’Ordre, m’en avait parlé 2 ans avant et la désirait avec empressement. A cette époque, j’étais Grand Maître Provincial de 2 provinces allemandes et de l’Italie que je cédais pour en faire une province séparée. Je ne puis me permettre de parler des ouvrages qui s’y firent. Suffit qu’on améliora infiniment dans cet ordre et qu’une tendance religieuse remplaça les buts précédents. Dans ce même temps, une nouvelle société s’était formée en Allemagne, surtout en Bavière, qui se nommait « les illuminés » système inique (injuste) qui avait beaucoup de rapports dans son principe au Jésuitisme et surtout au Jacobinisme (doctrine intransigeante et centraliste). Le commencement était le bien, la fin était le renversement de l’Eglise et des trônes. Les persécutions commençaient en Bavière et le Jacobinisme ne pût prendre racine en Allemagne comme il le fit en France, où j’appris déjà à Wilhensbad qu’on préméditait une révolution ! Le Duc Ferdinand me pria de prendre la direction de la convention qui traînait en longueur et d’en faire la clôture. »

     

    A Wilhensbad, Charles fait la connaissance du Grand Duc Paul de Russie qui sera assassiné quelques temps après. Charles mourut en 1836 au Danemark.

    En résumé, je dirai qu’il fut un grand témoin et acteur de son temps, un grand voyageur, un grand diplomate, un conseiller politique fidèle en amitiés dont on venait demander conseil. Il a connu les grands d’Europe, le pouvoir, les grandes fêtes, les luttes de pouvoir, la stratégie des alliances, les campagnes militaires, les luttes intestines ; mais pour lui, le plus important était ailleurs car il dira en parlant de Dieu « C’est lui qui m’a guidé, soutenu et mené dans ma longue carrière et grâce à lui, malgré toutes mes imperfections, il n’a jamais permis que ma foi et ma confiance en lui se ralentissent un moment. »

     Lettre de WILLERMOZ au Prince.pdf 

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  • « Regards sur les temples de la Franc-maçonnerie » par Camille SAVOIRE

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    A l’occasion du 80 ème anniversaire du Régime Ecossais Rectifié , « La Pierre Philosophale » réédite l’ouvrage publié par Camille SAVOIRE en 1935 : "Regards sur les Temples de la Franc Maçonnerie ».

    La préface exceptionnelle de Jean Marc VIVENZA , nous permet de comprendre et de revivre cet évènement historique : « Le Réveil du Régime Ecossais rectifié » que le Directoire National Rectifié de France fidèle aux intentions de Jean Baptiste et Willermoz et, plus tard  de Camille Savoire, a mis en oeuvre le 15 décembre 2012 à Lyon.

     

     Cet ouvrage magistral, nous transmet également des éclairages sur les fondements du Cercle d’Etude et de Recherches  Willermoz Jean Baptiste.

    Créé en Janvier 2013 , il a pour vocation d’étudier et de rechercher tous les éléments qui contribuent à la compréhension de cet enseignement qui nous « vient  de la nuit des siècles  pour nous aider à remonter jusqu’à l’Ordre primitif ».

     

    Notre cercle CERWJB , est indirectement évoqué, et mis à l’honneur, dans cet ouvrage , notamment dans la note 89/ P .73. :

     

    « Celui qui fut l’ancien Grand Maître du G.P.D.G.(2005-2009), Marcus i.O. Eq. Ab Insula Alba , ainsi que le Porte-parole officiel de l’obédience(2005-2012), Johannes-Marcus i.O. Eq. A Crucis Mysterio , Avec le soutien de l’ancien Grand Conservateur du Rite Ecossais Rectifié au sein du « Grand Prieuré Indépendant de France » rattaché au Grand Orient de France, Patricius i.O. Eq. A Justitia Salutare-, désirant revenir aux critères de la « Charte-constitutive & Lettres –patentes » pour le réveil du Régime écossais rectifié en France datant de mars 1935, décidaient de » réveiller » le samedi 15 décembre 2012 à Lyon, en accompagnant ce réveil de la transmission de la charge de la Grande Maîtrise issue de Camille Savoire, le « GRAND DIRECTOIRE DES GAULES » sous l’intitulé « Directoire National rectifié de France-Grand Directoire des Gaules » Ceci après plus de 70 ans d’une éclipse totale de ce nom de la scène maçonnique française ».

     

    Le soutien évoqué est celui de notre ami Patrick Dosseto, qui a rassemblé dans cette entreprise plus de quarante frères de « Désir » , parcourant aujourd’hui au sein du Grand Prieuré de Provence du DNRF, un chemin initiatique conforme à la Doctrine du RER.


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  • Joseph de Maistre

        

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          Maistre

     

    Un des plus fervent partisans de la Contre-Révolution, champion de l'ordre et pourfendeur des idées nouvelles comme le décrivent ses adversaires.

    Lui-même, adversaire  résolu de la Pensée des Lumières, il a développé  en réaction une philosophie de l'autorité qui peut légitimement révolter une conscience moderne. Que pense-t-il de la Déclaration des droits de l'homme ?

    Les révolutionnaires français en s'attachant aux intérêts de genre humain n'ont pas pensé à son principe unificateur, ils ont développé les potentialités funestes d'un impérialisme portant en lui les germes de la Terreur.

    Que dit-il de la Souveraineté du peuple socle de la démocratie  ?

    Il dénonce les illusions de l'égalitarisme , mettant le pouvoir réel entre les mains de quelques élus , système qui conduit à l'oppression du plus grand nombre.

    Comment accueille-t-il enfin l'idéal éclairé d'un monde de tolérance délivré du fanatisme ?.

    Sous couvert d'humanité , les partisans de la Tolérance ont fait le lit de l'incroyance.

    Mieux vaut selon lui , une sage institution comme l'Inquisition qui soumet la raison individuelle par la crainte , assurant ainsi l'unité et la paix d'une nation.

    Pour M., la philosophie de Lumières , dans le prolongement de la Réforme porte en elle ''un esprit d'insurrection '' contre toutes les souverainetés.

    Il faut donc lui opposer une réhabilitation du principe d'autorité :

    -autorité métaphysique du créateur  à l'origine de toutes institutions humaines .

    -Autorité politique du monarque dont le pouvoir , légitimé par la Tradition , manifeste le gouvernement de la Providence

    -Autorité spirituelle du souverain pontife que Dieu assiste pour lui conférer l'infaillibilité en matière de Dogme.

    Pour lui, tout Etat tirant ses lois fondamentales d'une source transcendante, les citoyens n'ont d'autre choix que d'obéir.

    Pourquoi lire Maistre ?

    Cioran , philosophe roumain du XXeme en propose un usage thérapeutique comme révulsif parce qu'il est l'inspirateur de '' toutes les formes d'orthodoxie (norme) politique , le génie et la Providence de tous les despotismes''

    ce fut un prophète annonçant le malaise idéologique de notre époque , le désenchantement postmoderne.

    En dépit de ses argument spécieux (susceptible de tromper par son apparence de vérité)et de ses exagérations , Sainte-Beuve dit que ''que Maistre captive ses lecteurs  par l'humeur et la verve de ses raisonnements ;

    Valéry parle de lui comme d'un très grand écrivain , un prosateur magnifique.

    Enfin, Maistre dans ses écrits renverse comme un gant la pensée des Lumières , révélant les potentialités destructrices , aliénantes ou totalitaires  contenu dans l'idéal d'émancipation des Lumières.

    Nombre d'auteurs libéraux  et conservateurs , catholiques ou athées , nostalgiques du siècle de Louis XIV s''approprient tel ou tel aspect des écrits de Maistre.

    Néanmoins, il sera souvent amené à dialoguer avec lui-même comme pour mettre ses paroles en contradiction c'est le cas pour les Soirées de Saint-Pétesbourg ou il fait dialoguer trois personnes dont un Comte, personnage fictif double de Maistre.

    Bien qu'apôtre de l'unité de l’Église , il conservera toute sa vie des sympathies pour l'illuminisme maçonnique .

    Son credo sera l'instauration d'un christianisme transcendantal ; si ce christianisme doit selon lui se réaliser sous l'égide de L'Eglise, il n'en reste pas moins que sa culture maçonnique le pousse à chercher les vérités chrétiennes ailleurs .

    Dans les Ecritures Saintes  certes , mais aussi dans la mythologie païenne et dans les anciens dogmes du judaïsme.

    Cherchant en toutes choses les manifestations de la Parole, il spécule sur la réalité d'une science connue de quelques privilégiés, qui pourraient mettre ''l' homme en communication avec des intelligences d'un ordre supérieur en lui donnant la clef des hiéroglyphes  divins dont l'Ordre est tissé.''

    -Il prend quelque distance avec la théologie officielle en s'appuyant sur les écrits d'Origène et l'idée de ''rédemption diminuée que les hommes obtiendront par leur sacrifice en imitant le Christ.

    Pou M si Jésus est bien ''la grande victime '' qui rédime (Racheter par son sacrifice le genre humain.) , il  ne semble 'etre venu parmi les hommes que pour confirmer la loi du sang qui régit l'univers .

    Ainsi, jésus crucifié n'exempte pas l'homme de verser son sang ; il s'agit du ''dogme de réversibilité''(légitimité de toute offrande de soi à visée vicariante (ou suppléante) permettant d'unir davantage les hommes à Dieu) le juste souffrant à la place du coupable. 

    Mais pour éviter de sacraliser le Mal, l'écrivain préfère se tenir ''au seuil de cette abîme''.

    La pensée « maistrienne » peut-être quelquefois choquante, autoritaire et déroutante, elle est aussi souvent antinomique : chute et rédemption, sacrifice de l'innocence et salut du coupable, liberté humaine et volonté  divine…

    Néanmoins, par ses qualités d'écriture , ses référence érudites, il reste une figure intellectuelle majeure du XIX e siècle, ''alchimiste de la pensée selon Baudelaire ''

    On peut critiquer son ''système de pensée'' mais on  ne peut nier son entreprise intellectuelle, son imagination ardente et'' l'éclat de son style diamantin qui brille tant qu'il pourrait couper'' comme l'écrira  Barbey d'Aurevilly.

     

     

     

    -Né le 1er Avril 1753 à Chambéry, capitale du duché de Savoie qui fait alors partie du Royaume de Sardaigne.

    Il est aîné d'une famille de 10 enfants, élevé dans un milieu pieux et cultivé ou règne une certaine austérité morale.

    Il fait ses études  au Collège royal de Chambéry et poursuit son éducation auprès des Jésuites , qui lui servent de directeur spirituel ;

    De  ces maîtres avisés ; il reçoit une solide formation outre le français, le latin et le grec, il possède plusieurs langues étrangères.

    A 15 ans, soit en 1768, il s'inscrit dans la confrérie des Pénitents noirs dont la fonction essentielle, outre celle de Bienfaisance, était d'assister les condamnés à mort avant leur exécution.

    Dès l'âge de 15 ans, il remplit de notes des registres de lecture qui attestent son insatiable curiosité : il étudie la Bible, les auteurs de l'Antiquité, les pères de l’Église, les érudits et savants humanistes , les écrivains du Grand siècle.            

    Il complète sa culture  classique  par la lecture  des philosophes de son temps , connaît parfaitement Voltaire et Rousseau , se passionne pour la philosophie  anglaise  et possède une édition de l'Encyclopédie.

    En 1771, il quitte Chambéry pour l'Université de Turin, ou il fait de brillantes études de droit.

    Docteur en 1772, il revient en Savoie, ou il commence une carrière de magistrat .

    A 35 ans, il est nommé sénateur .

    Depuis 1774 ,  il fréquente les loges de Chambéry, et après avoir éprouvé les limites d'une franc-maçonnerie trop mondaine à la loge des Trois -Mortiers(maçonnerie qu'il qualifie de société de plaisir) , il adhère au Rite Ecossais Rectifié.

    Il entre alors à la loge de la Parfaite Sincérité , ouverte à l'Illuminisme,'( ce terme chez m. est habituellement associé à la franc-maçonnerie mystique) lequel fait utilement contrepoids au Rationalisme des Lumières.

    Animé d'une foi profonde , que soutient la pratique des sacrements (rites cultuels) , il penche en politique pour une sage monarchie, dont il n'approuve pas la dérive vers l'absolutisme ou le despotisme éclairé : il place ses espoirs dans une élite de conseillers issus comme lui de la F-M et capables de soutenir les rois dans de prudentes réformes.

    En 1786, il se marie avec Mlle De MORAND.

    Dès 1788, il observe avec inquiétude l' agitation qui secoue la France.

    Contrairement à la plupart de ses collègues sénateurs , il condamne la réunion  du clergé , de la noblesse et du Tiers-Etat, (députés de la bourgeoisie)et dès mi-Juillet 1789 prédit un déluge de maux .

    Ce qui ne l'empêche de déplorer l'incapacité des vieilles monarchies aux vertus défaillantes de trouver les ressources d'une possible régénération politique et morale.

    Lorsque les armées révolutionnaires entrent en Savoie le 22 Septembre 1792, M. accompagné de sa femme et de ses enfants , est le seul sénateur chambérien à quitter sa patrie par fidélité au roi Victor-Emmanuel III.

    Au début de 1793, il revient à Chambéry pour défendre ses biens menacés de confiscation .

    Rapidement, il est obligé de fuir et se réfugie en Suisse ou il écrira des ouvrages contre-révolutionnaires dont son Etude sur la Souveraineté qui prend pour cible les théories de Rousseau .

    Exilé à Turin , puis Venise , il aboutit enfin à Saint-Petersbourg en 1802.

    Séparé de sa famille, il entreprend un poste d'ambassadeur au nom du Roi de Sardaigne., familier de l'aristocratie locale , il est présenté à Alexandre Ier.

    Sa plume et sa conversation lui permettent d'acquérir  une position éminente.

    De Russie , il observe l'extraordinaire  ascension de Napoléon .

    En Juillet 1803, la signature du traité de Tilsit consacrant l'alliance D'Alexandre Ier et de Napoléon, il s'enferme alors dans son cabinet et écrit.

    Souffrant toujours de l'absence des siens, il se réfugie dans l écriture,

    Philosophie , ouvrages politiques dont '' l'essai sur les principes générateurs des constitutions politiques'' qui dénonce les illusions et dangers de la ''manie ''constitutionnelle héritée des Lumières.

    C'est aussi à cette époque , qu'il commence ''les Soirées de Saint-Petersbourg'', série d'entretiens sur le gouvernement temporel de la Providence.

    En Octobre 1814, sa famille le rejoint enfin à Saint-Petersbourg.

    Faisant face à des difficultés financières , il est de plus obligé de quitter Saint-Pétersbourg en Juin 1817, soupçonné de favoriser le prosélytisme de ses amis Jésuites .

    A 64 ans , arrive l'heure des bilans.

    Le 7 Juillet 1817, en route pour Turin , il est reçu froidement par Louis XVIII, mais les salons de Paris lui font un accueil triomphal.

    Sa fin de carrière est ternie par la gêne matérielle et le dépit de voir se poursuivre l'oeuvre de la Révolution.

    1819, il publie '' Du Pape'' ou il expose son idée de l'autorité infaillible du souverain pontife.

    En 1820, il rédige le 11 eme entretien des Soirées de Saint-Petersbourg  ou se trouve réuni les grands thèmes de sa pensée ; la sacralité de la guerre et du bourreau  portant pour lui la marque d'une volonté supérieure à l'homme.

    Il constate le désordre de la guerre dont l'horreur abyssale et l'obscurité du phénomène obligent à faire l'hypothèse du Sacré.

    Depuis sa chute, l'homme si profondément dégradé par le pêché ne peut se laver de cette souillure que par des moyens radicaux.

    Maistre ne fait pas l'apologie de la violence, il considère la guerre comme un décret divin , ce sont les fautes des hommes qui rendent ce mal nécessaire .

    Le Bourreau quant à lui est présenté comme un instrument de la justice à la fois divine et humaine.

    Sacré dans le  sens grec  de ce qui est à la fois saint et profane .Honni par les autre hommes , il est la pierre angulaire de la société .

    Enfin ,  dans le 8éme entretien , il développe un thème qui lui est cher, celui de la réversibilité des vérités et des peines.

    Il y défend la  vérité du  « juste » qui en souffrant volontairement , ne satisfait pas seulement pour lui, mais aussi pour le coupable par voie de réversibilité .

    Ce ''dogme'' de réversibilité s'inspire de la notion de sacrifice dans la théologie chrétienne.

    Le fils de Dieu s'étant offert lui-même en victime sur le bois de la Croix par le rachat de nos fautes , ce sacrifice légitime toutes les formes d'offrande de soi à visée vicariante (suppléante), permettant d'unir davantage les hommes à Dieu.

     

    Contemporain de la Révolution , acteur de la politique en pesant à sa manière sur les gouvernements d'Alexandre Ier et de Louis XVIII , il fut surtout victime de l'ouvrage révolutionnaire.