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rites ecossais rectifié

  • ÉVÈNEMENT : Jean Marc VIVENZA à CALAS

    Le CERWJB a l'honneur et le plaisir de vous annoncer la venue de

      Jean Marc VIVENZA 

    Thème : 

    "Ordre et Régime Ecossais Rectifié, de l'origine au devenir d'une voie initiatique"

     

    Document de réservation à télécharger , cliquer sur le lien ci-dessous:

     

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    à 20 h   le 17 novembre 2017

    A l'Auberge de la Guérine à CALAS

     

    places limitées 15€ conférence + apéritif dînatoire

     

    réservation avant  le 13 novembre

    par chèque à l'ordre du C.E.R.W.J.B

    à l'adresse : Marie Chantal BOMPART

    136 avenue du 8 mai 1945 13240 SEPTEMES LES VALLONS

  • CORRESPONDANCES AU PRINCE CHARLES DE HESSE-CASSEL

    Je viens vous parler d’autobiographie car Charles De Hesse Cassel a écrit, ou plutôt dicté un livre en 1816, imprimé à Copenhague en 1861 (soit une trentaine d’années après sa mort) intitulé « Les Mémoires de mon temps ».

    Dans ses mémoires, il y relate sa petite enfance, son adolescence, sa vie à la Cour du Danemark, sa carrière militaire, ses rencontres etc…

    Nous savons qu’il est né en 1744 en Allemagne à CASSEL, prince de Hesse. Il est d’une famille princière allemande. Son père, Frédéric, Province de Hesse, se convertit en 1747 à la foi catholique, ce qui éloigne de lui son épouse Marie, fille de Georges II, Roi de Grande-Bretagne, demeurée elle protestante. Charles et ses frères sont éloignés de leur père, puis élevés par leur tante maternelle, Louise, Reine du Danemark, mais elle meurt peu après en 1751. Charles passe donc son enfance et son adolescence à la cour du Roi du Danemark, sous le règne de Frédéric V, puis Frédéric VI, puis son fils Christian VII ou Chrétien VII dont il épousa une des filles.

     

    1. CHAPITRE « La vie en ce temps là »

    Il fut élevé avec ses deux frère à « l’anglaise » on leur donna un gouverneur et un informateur tous les deux Suisses ; tous deux très éloignés dans leurs sentiments des principes d’alors, à savoir le pédantisme, la raideur de la flatterie, les principes d’orgueil très communs dans ces temps là à la cour et à la noblesse allemande. Leur gouverneur, qui s’appelait SEVERY, leur disait souvent quand il entendait des idées vaniteuses :  « Ne vous imaginez rien de ce que vous êtes des Princes, sachez que vous êtes faits de la même boue que tous les autres et que ce n’est que le mérite qui fait les hommes ».

    Charles ajoute : « Personne n’a été plus convaincu de cette vérité que moi ». Les étiquettes, les vanités de rang de la naissance, ont été toujours pour moi un objet de ridicule. Dès mon enfance je mettais ma confiance en Dieu ; je regardais tous les hommes comme égaux à ses yeux, hors mis par leur attachement à lui et à son devoir. C’est le principe sur lequel mon caractère s’est basé sans le savoir. »

    Aussi, il prit pour devise quand il reçut l’Ordre de l’Eléphant à 21 ans « Omnia cum Deo » (tout pour Dieu ou tout avec Dieu). L’ordre de l’Eléphant est un ordre de Chevalerie Danois créé par Christian I en 1462 ; Il fut élevé à Copenhague dans un pays alors neutre et tranquille. Il y vit une cour respectée, décente, sans intrigues, sans luxe superflu, objet de la vénération des sujets et de l’estime des cours étrangères.

    La Norvège de l’époque, pays voisin du Danemark, était traitée en colonie. Elle n’était pas connue car les danois ne voyageaient pas ou peu. La Suède assurait quant à elle, le repos extérieur, c'est-à-dire la paix des frontières. On vivotait, on n’avançait pas, on ne voulait pas avancer. On craignait tout changement, toute amélioration. La justice était précaire. Le paysan était serf au Danemark, pas de justice pour lui, pas de protection contre son propriétaire. Le Maître forçait le serf à se marier avec qui bon lui semblait. Ce ne fut que sous Frédéric VI que tout cela changea par l’abolition de la servitude.

    Charles cite Frédéric VI : « il vainquit tout sans une seule vivacité ; laissant toujours agir la loi seule, et ne se mettant jamais plus en avant que le moment ne l’exigeait. Peu de victoires ont été aussi mémorables que d’affranchir tranquillement le peuple malheureux, des liens les plus honteux auxquels l’homme puisse être soumis et de prouver à la nation entière que les propriétaires ne perdaient rien dans leurs avantages, même, gagnaient dans la suite par un arrangement aussi juste, aussi doux pour le Maître et les sujet, et n’employaient point l’autorité royale par des coups d’Etats mais seulement pour la justice, pour le bonheur et pour l’avantage réel de tous les sujets ».

    A ce moment là, la navigation danoise prit son essor, car avant cela, le commerce se bornait au trafic des biens terrestres. La compagnie asiatique, celle des Indes démarraient. Le commerce maritime danois fructifia en méditerranée. La France était alors considérée comme le siège du goût, des connaissances, des grandeurs humaines et où les arts étaient poussés au plus haut degré. Les fabriques françaises étaient les premières au monde. Le Danemark tirait tout de l’étranger, aussi on essaya de transplanter des fabriques de toutes sortes. Charles disait à propos du commerce qu’il encourageait à se développer « le commerce est un don de la Divinité aux Hommes. Il les rapproche, les réunit et les force à des liens d’amitié et d’intérêt. Lorsque l’on veut tout faire chez soi et exclure tout ce qui est étranger, on reste dans sa coque, on s’isole et on n’y gagne guère ».

    1. CHAPITRE : « La vie militaire »

    En 1761, Elisabeth de Russie mourut et Pierre III lui succéda sur le trône et décida de conquérir le Danemark. Il y eut la mobilisation de l’armée danoise (moitié troupe levée, moitié milice). Charles y reçut un régiment, mais la mort de l’Empereur de Russie assassiné par ses officiers en 1762, stoppa cette guerre débutante. Vient ensuite une longue carrière militaire. En 1763, il reçoit un nouveau régiment : le régiment royal danois qu’il doit remettre en ordre. Le Roi lui donne ensuite le commandement de l’artillerie. Il devient Général-Major. Survient la mort du Roi Frédéric VI en 1766 et son fils Christian VII lui succède.  Le nouveau roi se lie d’amitié avec Charles, ce qui fait des envieux et attire une opposition décidée de la plupart des princes. Le Roi lui propose de se marier avec sa sœur cadette âgée de 16 ans qui n’est point promise. Le Roi donne son assentiment ainsi que la Reine-Mère, mais il fallut passer par le ministère où une opposition se forme, car ils croyaient voir dans cette union avec la famille royale (quoique cousin germain du Roi) une domination totale. Le mariage se déroula le 30 août 1766. A l’âge de 21 ans, le jour de son mariage, Charles est nommé Grand Maître d’Artillerie avec le rang de Général d’Infanterie. On voit ici une liaison intime avec le Roi qui peu à peu va s’estomper car Charles va perdre la tendresse et la confiance royales. Progressivement  les disputes commencent sur la religion. Pour le Roi, son désir des femmes et la sévérité de ses principes religieux, étaient en opposition continuelle avec Charles. A cette époque le Roi n’est pas encore marié et Charles est l’un de ceux qui le connait parfaitement et peut le conseiller et même le contrarier et le contredire. Le Roi se perdit bientôt dans la débauche et dans la crapule. Le Roi montrait 2 visages et de plus en plus se succédaient des crises de folie. Charles cite, en parlant du Roi :  « si je me permettais de parler métaphysique, j’attribuerais à un autre esprit en lui (le Roi) les effets très singuliers de son état (comme quelqu’un de possédé) ». Presque en même temps, Charles perd sa mère qu’il considérait comme une « Divinité », et son fils Guillaume âgé de 3 ans.

    La Reine qui avait comploté contre le Roi, part en exil avec l’aide du Roi d’Angleterre. En août 1772, Gustave iii de Suède fait la révolution en Suède et décide d’agrandir le pays en devenant Roi de Norvège. Il y envoie des émissaires pour y jeter les germes d’une rébellion. La Norvège avait été, jusque là traitée en colonie. Le peuple n’avait point d’argent et le mécontentement grondait. Charles est choisi pour le commandement en Norvège. Le 29 septembre 1772, le Prince Frédéric lui offrit au nom du Roi le commandement de la Norvège. A ce moment là on n’était plus suédois et on commençait à s’apercevoir que le Danemark pouvait bien plus aisément aider la Norvège que la Suède ne pouvait le faire. Mais il avait une autre idée : c’était de faire de la Norvège un royaume indépendant. Charles devint Feld-Maréchal pour service rendu à la Norvège et conserva le commandement général de ce royaume pendant 41 ans, jusqu’au moment où le royaume fut perdu.

    Jean Baptiste Wuillermoz lui donnait le titre de Vice-Roi de Norvège. Plus tard, il prend part à la guerre Prusse-Bohême ou Prusse-Autriche, car on lui demande de faire campagne comme volontaire dans l’armée prussienne. Pendant cette campagne, il se liera avec le Prince Frédéric de Prusse.

     

    1. CHAPITRE « La vie maçonnique »

    Etant parent ou allié de la plupart des monarques et potentats du nord de l’Europe, Charles se passionna dès son adolescence comme ses frères et cousins, pour l’Esotérisme et les sociétés secrètes qui foisonnaient en Scandinavie et dans le Saint Empire et qu’on englobe souvent dans la dénomination « Ecole du Nord ». Il cite « Au printemps de l’année 1774, je fus reçu maçon dans la loge de Slesvig (prolongement de la plaine allemande entre la mer du Nord et la mer Baltique, tantôt région danoise, tantôt allemande). Ce pas a eu sur le reste de ma vie une grande influence qu’on ne saurait le croire, en partie par les liaisons intimes que je fis dans cette société, en partie par les connaissances que j’y acquis ».

    Une anecdote pour sa réception : on vient le chercher. Il y a un voyage en barque où ils se perdent quelques moments. Ensuite ils se prennent dans des filets de pêche plusieurs fois. Ensuite il faut traverser un marais. Ils ont failli ne pas arriver à l’heure. Charles cite « Si je voulais tirer un horoscope, ce voyage dénoterait assez exactement la route tortueuse et difficile que je fus obligé de passer dans la maçonnerie, ainsi que l’état où je la trouvais alors ».

    L’année d’après, il se lien d’amitié avec le Duc Ferdinand De Brunswick jusqu’à la mort de celui-ci (grand Supérieur de l’Ordre). Ensuite rencontre avec le fameux comte de St Germain. Charles accueillit le comte chez lui de 1778 à 1784. Il dit « J’estimais le comte et les prisais de toutes mes forces et de tout mon cœur, prenant journellement de lui 3 heures d’enseignement. Il me parla de grandes choses qu’il voulait faire pour le bien de l’humanité. Il parlait beaucoup de l’embellissement des couleurs » (Charles avait des fabriques de teintures et de textiles qui ne coûtaient presque rien), de l’amélioration des métaux, ajoutant qu’il fallait absolument ne point faire de l’Or si même on savait et resta absolument fidèle à ce principe. Il n’y a  presque rien dans la nature qu’il ne sut améliorer et utiliser. Il me confia presque toutes les connaissances de la nature, mais seulement leur entrée, me faisant alors chercher moi-même par des épreuves, les moyens de réussir et se réjouissant de mes progrès.

     

    Cela se rapporte aux métaux et aux pierres. St Germain fut protégé par les derniers Médicis. Cette maison possédait les plus hautes sciences et il n’y est pas étonnant qu’il y puisât les premières connaissances. Il connaissait les herbes, les plantes à fond et avait inventé les médecines qui prolongeaient sa vie et sa santé. Mais la médecine officielle se déchaîna contre sa science après sa mort. Selon Charles, il mourut à 92 ou 93 ans. Il dit de lui « c’était peut-être un des plus grands philosophes qui ait existé. »

    Ami de l’humanité, ne voulant de l’argent que pour le donner aux pauvres, ami aussi des animaux, son cœur ne s’occupait que du bonheur d’autrui. Il croyait rendre le monde heureux en lui procurant de nouvelles jouissances, de plus belles étoffes, de plus belles couleurs, de bien meilleurs marchés ; car pour lui ces superbes couleurs ne coûtaient presque rien.

     

    « L’année 1782 fut fixée pour la convention maçonnique de Wilhensbad. Le Duc Ferdinand de Brunswick, Grand Supérieur de l’Ordre, m’en avait parlé 2 ans avant et la désirait avec empressement. A cette époque, j’étais Grand Maître Provincial de 2 provinces allemandes et de l’Italie que je cédais pour en faire une province séparée. Je ne puis me permettre de parler des ouvrages qui s’y firent. Suffit qu’on améliora infiniment dans cet ordre et qu’une tendance religieuse remplaça les buts précédents. Dans ce même temps, une nouvelle société s’était formée en Allemagne, surtout en Bavière, qui se nommait « les illuminés » système inique (injuste) qui avait beaucoup de rapports dans son principe au Jésuitisme et surtout au Jacobinisme (doctrine intransigeante et centraliste). Le commencement était le bien, la fin était le renversement de l’Eglise et des trônes. Les persécutions commençaient en Bavière et le Jacobinisme ne pût prendre racine en Allemagne comme il le fit en France, où j’appris déjà à Wilhensbad qu’on préméditait une révolution ! Le Duc Ferdinand me pria de prendre la direction de la convention qui traînait en longueur et d’en faire la clôture. »

     

    A Wilhensbad, Charles fait la connaissance du Grand Duc Paul de Russie qui sera assassiné quelques temps après. Charles mourut en 1836 au Danemark.

    En résumé, je dirai qu’il fut un grand témoin et acteur de son temps, un grand voyageur, un grand diplomate, un conseiller politique fidèle en amitiés dont on venait demander conseil. Il a connu les grands d’Europe, le pouvoir, les grandes fêtes, les luttes de pouvoir, la stratégie des alliances, les campagnes militaires, les luttes intestines ; mais pour lui, le plus important était ailleurs car il dira en parlant de Dieu « C’est lui qui m’a guidé, soutenu et mené dans ma longue carrière et grâce à lui, malgré toutes mes imperfections, il n’a jamais permis que ma foi et ma confiance en lui se ralentissent un moment. »

     Lettre de WILLERMOZ au Prince.pdf 

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  • LOUIS CLAUDE DE SAINT MARTIN – SA VIE – SON ŒUVRE – SA PENSEE


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    Louis-Claude de Saint Martin est né à Amboise le 18 Janvier 1743, de Louise Tournyer et de Claude-François de Saint Martin. Il est décédé le 13 Octobre 1803.maison natal.jpgplaque maison SM.jpg

    Voilà très brièvement pour son état civil.

     

    Il perdra très jeune l’affection de sa mère qui naîtra au Ciel alors qu’il n’avait pas 3 ans. Mais, à partir de ses 6 ans, il recevra les bons soins d’une belle-mère aimante et attentionnée. L’enfant est élevé dans une famille pieuse et c’est probablement un climat propice à développer chez lui le goût des mystères Divins.

     

    Sa santé est fragile, voire précaire puisqu’il dira dans « Portrait » « j’ai changé 7 naissance enfant - Copie.jpgfois de peau étant en nourrice ». C’était un enfant doux, réservé et un peu mélancolique, on voit clairement, dans ces traits de caractère, se profiler l’adulte à venir pour qui les joies ordinaires resteront inconnues.

     

    Son père faisant profession d’Avocat, c’est tout naturellement vers le droit qu’il orientera ses études en entrant à la faculté de droit de Paris. Ces années d’études le confronteront à la vie estudiantine qui aura peu d’attrait pour lui tout autant que le droit qui ne le passionnera pas, c’est le moins que l’on puisse dire, et auquel il préférera la lecture des philosophes du siècle dit des lumières !

    Cependant, pour être conforme au désir de son père, il obtiendra sa licence en droit. Mais il se sent mal à l’aise dans cette société déjà matérialiste qui laisse bien peu de place à ses hautes aspirations spirituelles.

     

    Il a très certainement senti très tôt qu’il était dans le monde sans être du monde.

     

    Pour suivre la tradition familiale et satisfaire au désir paternel, il sera reçu avocat du Roi à Tour le 9 août 1762, oserais-je dire la mort dans l’âme ?

     

    Très vite, il se rendra compte que la magistrature n’est pas sa voie, la charge lui pèse tant qu’il ne voudra plus continuer à exercer une profession à laquelle il se sentira totalement étranger.

     

    Sa reconversion ne semble guère plus judicieuse : le Duc de Choiseul Duc de Choiseuldécidera de le faire entrer dans l’armée comme  officier. Comment imaginer Louis-Claude de Saint Martin exerçant le métier des armes ?

     

    Cependant, le destin prend parfois des détours étonnants pour nous conduire sur la bonne voie, à moins qu’il ne s’agisse de la manifestation de la grâce de Dieu qui surveille de près les brebis qui s’égarent…Il fallait bien que l’officier Saint Martin devienne le Philosophe Inconnu !

     

    En effet, c’est dans le Régiment Foix-Infanterie que Saint Martin va rencontrer celui grâce à qui il s’engagera sur le chemin initiatique que nous connaissons. C’est à Grainville, premier Capitaine des Grenadiers, que revient ce mérite ! Promu Lieutenant à 26 ans, Saint Martin ne sera guère plus passionné par le métier des armes que, naguère, par l’exercice de la magistrature. Il dira d’ailleurs « je me serais plus accommodé à être simple soldat pour obéir aux ordres plutôt que d’en donner »…C’est dire s’il était motivé par ses nouvelles fonctions !

     

    maçonnerie.jpgSur les conseils de Grainville, il entrera en maçonnerie et se livrera, certainement avec bonheur, à l’étude que suppose et nécessite l’appartenance à une société initiatique. Mais c’est une autre rencontre qui va initier, dans tous les sens du terme, un bouleversement dans sa vie.

     




    N’oublions pas que le Régiment Foix-Infanterie est en garnison à Bordeaux…Quelle chance ! Cette rencontre capitale est donc, bien évidemment, celle qu’il va faire avec celui qu’il considère comme son premier Maître : Martinès de Pasqually.

     

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    Si vous m’avez bien écoutée vous aurez remarqué que je parlais, jusqu’à présent, de Saint Martin au passé mais, dès maintenant, je vais parler de lui au présent parce que son œuvre est intemporelle et qu’elle nous concerne tous, hommes de désirs, au présent.

     

    A partir de cette rencontre avec Martinès il nous offre une voie royale, la voie du salut !

     

    Martinès fut sans doute dépositaire d’une transmission paternelle judéo-chrétienne due à son origine marane. Il avait organisé son Ordre, en tous cas à Bordeaux, à partir d’avril 1762 jusqu’au 5 mai 1772, date de son départ pour Saint Domingue d’où il ne reviendra pas.

     

    Son but, très globalement, était de rétablir le culte primitif. N’étant pas Coën, je ne m’arrêterai pas sur les détails de son organisation.  Cependant, Saint Martin, malgré les impératifs que lui impose sa vie de garnison, reçoit les premiers grades Coën entre l’été 1765 et l’hiver 1768, probablement du Chevalier Baudry de Balzac. Dès lors, Saint Martin n’aura de cesse que de progresser dans l’Ordre.

     

    A partir de 1768, il établit une relation étroite avec Martinès et en 1771 il devient son secrétaire, faisant suite à l’Abbé Fournier qui l’avait précédé dans cette fonction. Très impliqué, il copie les rituels et entre en relation avec les chefs de l’Ordre dont Jean-Baptiste Willermoz.

     

    soie-compas-willermoz.jpg


     

    Il participe aussi, et ce n’est pas rien, à la mise en forme du Traité.

     

    Toujours très motivé, il assiste son Maître lors des préparations rituelles. Prières, invocations, tracés, sont destinés à l’œuvre majeure de réconciliation. Saint Martin y met toute sa ferveur et maitrise rapidement les rites bien que sa faible constitution physique pâtisse sérieusement des efforts requis pour mener à bien les opérations.

     

    Puis, il vient à s’interroger sur la légitimité de ce cérémonial, allant jusqu’à dire àportail martin.jpg Martinès « faut-il tout cela, Maître, pour prier le bon Dieu ? » question à laquelle Martinès répond « il faut bien faire avec ce que l’on a ». Plus tard, il va être amené à se distancier des pratiques théurgiques au profit d’une voie intérieure, la voie de l’interne, dont je parlerai plus loin.

     

    Pour l’heure, il se penche sur le Traité de façon d’autant plus profonde qu’il adam et eve.jpgcollabore activement à sa rédaction. Il s’imprègne de la doctrine de Martinès qui expose, entre autre, pour faire court, la chute des anges rebelles puis celle d’Adam et les conséquences terribles qui en découlent.

     

    eve adon carcature.jpgAdam, après avoir prévariqué, perdra son corps de gloire et sera enfermé dans un corps de matière, gardant en lui l’image Divine mais en perdant la ressemblance. Il entrainera dans sa chute toute sa postérité et il faudra une triple intervention divine pour nous restaurer, un jour, dans notre première propriété, vertu et puissance spirituelle divine :

     

    -     La réconciliation d’Adam par Hély, après la chute

     

    -     La réconciliation des hommes par Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu qui est venu, non pour abolir la loi de Moïse, mais l’accomplir à notre place en mourant sur la croix

     

    -     Le retour à la fin des temps du Christ comme Emanuel pour opérer la réintégration.

     

     

    Passionné par le travail qu’il accomplit avec Martinès, il décide, après 6 ans passés à Foix-Infanterie, de se libérer de ses obligations militaires pour retrouver la liberté de s’adonner à plein temps à ce qui le passionne tant. Saint Martin est ordonné Réau+Croix par Martinès le 17 avril 1772, lequel s’embarquera peu après pour Saint Domingue…..aller sans retour !

     

    Après la mort de Martinès, il reste en relations épistolaires avec les nombreux contacts que sa position de secrétaire lui avait permis d’établir. Ceux-ci vont rapidement voir en lui un possible et savant instructeur et Willermoz va lui confier officiellement cette fonction, l’accueillant chez lui pour plus de commodité.


     

    Saint Martin y commence la rédaction « des erreurs et de la vérité » et les deux hommes planifient un programme d’enseignement que Saint Martin prodiguera aux frères de Lyon, assisté de Willermoz et de Jean Jacques du Roy d’Hauterive : viennent de naitre les fameuses Leçons de Lyon dont le but constant, quels que soient les sujets abordés, est « comment travailler à la réconciliation de l’homme ? ».

     

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    Cachet de Saint Martin


     

    Les Leçons de Lyon prennent fin le 10 avril 1776. Saint Martin quitte Lyon et fréquente les salons parisiens, notamment celui de Madame de Lusignan, chez qui salon_madame_geoffrin.jpgil a ses entrées et grâce à laquelle il peut côtoyer les personnes importantes et influentes du royaume.

     

    Comme le temps nous est un peu compté, je suis obligée d’écourter le récit des pérégrinations de Saint Martin pour arriver à sa rencontre, par delà l’espace et le temps, avec son second maître : Jacob Boehme.

     

    jacob bohem.jpg


     

    Lors d’un séjour à Strasbourg, il rencontre Charlotte de Broecklin, une Allemande érudite et passionnée par l’œuvre de Boehme. Celle qu’il appelle « ma chérissime B » par souci de discrétion va devenir pour lui une amie d’exception et ils vont entretenir une longue et riche correspondance.

     

    Il va s’écarter de la Franc Maçonnerie puis, découvrant l’œuvre de Boehme qu’ilvoix cardiac.jpg va traduire en Français, il rejette la théurgie Coën pour proposer une voie plus intérieure.

     

     

     

    Pendant les 10 dernières années de sa vie, il va négliger l’écriture pour se consacrer à la traduction des livres de Jacob Boëhme qui étaient dans son propre pays, l’Allemagne, pratiquement tombés dans l’oubli.

     

    Pour ce faire, il va apprendre l’allemand, langue qu’il ne pratiquait pas du tout. Mesurez vous l’ardent désir qui l’animait pour qu’il se livre à un tel travail ? Il apprend l’allemand non seulement pour le parler couramment mais encore pour traduire fidèlement la pensée subtile et quelque peu compliquée de Boehme. Il est facile en lisant ses œuvres en français de prendre conscience du mérite de Saint Martin à s’attaquer à pareille tâche !

     

    boheme pensée.jpg


     

    On peut affirmer sans risque d’erreur, que c’est Saint Martin qui a permis, non seulement en Allemagne mais dans l’europe entière, de redécouvrir ce penseur d’exception.

     

    Il comprend que Boehme est de la race de son premier maitre et qu’il ne faut pas les opposer mais au contraire les conjoindre. Il écrit dans « Mon portrait historique » : « Notre premier maitre avait certaines lumières, mais le second, B, a des lumières supérieures encore qui nous font aborder des domaines insoupçonnés ». Quels sont donc ces domaines ? Ils touchent à la nature du Principe Premier, ce Principe est un sans fond (ungrund), un rien, un néant. Il se dévoile dans son retrait.

    jacob b principe.jpg

     

     

    Etant donné l’importance de Boehme dans la pensée de Saint Martin, il est utile d’en dire quelques mots : il est né en 1575 et mort en 1624. C’était un simple cordonnier qui, très jeune, était gardien de troupeau. On dit qu’un jour où il gardait ses bêtes, il trouva un trésor dans une grotte mais n’y toucha pas. On y verra symboliquement, son accès au trésor caché des mystères Divins.

     

    L’histoire dit encore qu’un jour où il était seul dans son atelier, un étranger se présenta pour acheter une paire de chaussure. N’osant lui vendre ce qu’il demandait, l’apprenti lui proposa un prix supérieur pour dissuader le client qui cependant accepta. En sortant de l’échoppe avec son achat, ce singulier personnage lui dit d’une voix forte ‘Jacob tu es peu de chose mais tu seras grand et tu deviendras un autre homme, tellement que tu seras pour le monde un objet d’étonnement »

     

    Il vécu une expérience mystique et restera 7 jours dans les plus hauts degrés de la contemplation intérieure et aura encore des grâces inexplicables mais la Grâce Divine s’explique t’elle ?

     

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    Il écrira fidèlement les récits de ses visions en rédigeant son 1er livre « L’aurore naissante ». Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet mais ce n’est pas celui qui nous occupe aujourd’hui. Il nous suffit, pour l’heure, de savoir que Saint Martin a reconnu dans les travaux de Boehme ce qu’il aurait pu écrire lui-même.

     

    Il ne se contente pas de traduire Boehme mais va jusqu’à payer de ses deniers la parution en français de l’Aurore Naissante et nous livre cette réflexion dans « mon portrait… » :

    « Dans le mois de Brumaire an IX, j’ai publié ma traduction de l’aurore naissante de Jacob Boehme. J’ai senti en la relisant de suite et tout à mon aise que cet ouvrage serait béni de Dieu et des hommes, excepté du tourbillon des papillons de ce monde qui n’y verront rien… »

    Saint Martin déplore de ne pas être entendu et compris des hommes du torrent qui n’aspirent qu’à se bercer d’illusions ou de croyances.

     

    Au cours de l’été 1803, il se rend à Amboise mais sent que sa santé se dégrade sérieusement. Ce constat ne le chagrine pas et il l’accepte très sereinement. Il quitte cette terre le 13 octobre 1803 entouré de quelques amis venus l’assister.

     

     

     

     

    B -  SON OEUVRE

     

     

    Les ouvrages de Saint Martin ont pour but d’expliquer la nature par l’homme et de ramener toutes nos connaissances au Principe dont l’Esprit humain peut devenir le centre. Je vais résumer le plus brièvement possible ses œuvres majeures, ou, tout du moins les plus importantes à mon sens.

     

    DES ERREURS ET DE LA VERITE. Publié en 1775

       Il fut écrit en réponse aux dires de Boulanger qui affirmait que les religions ereur et verte.jpgétaient nées à cause de la frayeur que les hommes éprouvaient face aux phénomènes naturels qu’ils ne savaient pas expliquer. Après avoir fait remarquer aux hommes l’incertitude de leurs recherches et les continuelles méprises qui en découlaient, il leur indique la route qu’ils auraient du suivre et démontre que l’homme possède en lui une lumière active et intelligente qui est seule à la source de la pensée religieuse, un savoir non matériel.

     

     

    LE TABLEAU NATUREL. Publié en 1782

          C’est un traité de science initiatique qui prend sa source dans l’âge d’or, passe tab.nat..jpgpar la chute pour arriver à la réintégration finale. Saint Martin se penche sur l’étude des Lois qui régissent l’univers et livre quelques vérités profondes à ce sujet. Selon Saint Martin, l’homme, le quaternaire, en sombrant dans la matière ténébreuse, s’est enfermé dans la circonférence du zéro. Il lui faudra donc faire pénétrer l’unité dans ce quaternaire pour rétablir l’ordre universel brisé par la chute. Pourrait-on y voir une suite du Traité de Martinès ?

     


     

     

     L’HOMME DE DÉSIR. Publié en 1790

         Ce sont des « chants » dans lesquels l’âme humaine se reporte vers son étathomme de desir.jpg premier que la voie de l’Esprit peut lui faire recouvrer par la bonté Divine ; Kirchberger considèrera cette œuvre comme la plus riche en pensées lumineuses et Saint Martin trouvera dans ses propres écrits des germes qu’il avait semés mais qui prendront sens pour lui après qu’il ait étudié Boehme.

     

     

    LE NOUVEL HOMME. Publié en 1792

          L’idée fondamentale de cette œuvre est que l’homme porte en lui une sorte de louis claude de saint martin,philosophe inconnu,martinisme,martiniste,ordre,rer,rites ecossais rectifié,ecossais,franc maçon,free masontexte dont toute sa vie devrait être le développement car l’âme de l’homme est une pensée de Dieu. Il en découle que le moyen de nous renouveler pour rentrer dans notre nature consiste à penser par notre propre Principe et d’employer nos pensées comme autant d’organes pour opérer ce renouvellement. Saint Martin dira plus tard qu’il n’aurait pas écrit ce livre, ou alors qu’il l’aurait écrit autrement, s’il n’avait pas eu connaissance des écrits de Boehme.

     

     ECCE HOMO. Publié en 1792

        Il a publié ce livre à l’intention de la Duchesse de Bourbon pour répondre auxlouis claude de saint martin,philosophe inconnu,martinisme,martiniste,ordre,rer,rites ecossais rectifié,ecossais,franc maçon,free mason faiblesses spirituelles de cette amie un peu trop fascinée par le merveilleux et le somnambulisme. Saint Martin y invite à la prudence face à ces pratiques et rappelle à nouveau les principes fondamentaux qui régissent la destiné de l’homme. Il y expose la misère présente des hommes et l’espoir de leur possible réhabilitation.

     

     

    LE CROCODILE. Publié en 1799

      C’est un poème épique de 102 chants. On y retrouve de longs voyages sans louis claude de saint martin,philosophe inconnu,martinisme,martiniste,ordre,rer,rites ecossais rectifié,ecossais,franc maçon,free masonaccidents qui soient mortels ; un peu d’amour, sans aucune de ses fureurs ; de grandes batailles où pas une goutte de sang n’est versée ; quelques instructions sans le bonnet du docteur.

    S’y mêlent le fantastique, l’occulte, la satire. L’action se passe pendant la révolution et les personnages sont en relation avec les principes de la doctrine martiniste.

     

    LE MINISTERE DE L’HOMME ESPRIT. Publié en 1802

         Le but de ce livre est de montrer comment l’homme esprit, c'est-à-dire celuilouis claude de saint martin,philosophe inconnu,martinisme,martiniste,ordre,rer,rites ecossais rectifié,ecossais,franc maçon,free mason qui exerce un ministère spirituel, peut s’améliorer, se régénérer, lui et les autres, en rendant la Parole, le Verbe à l’homme et à la nature. La grande amélioration que propose Saint Martin consiste dans le développement radical de notre Essence Divine. Le Ministère de l’homme esprit apprend enfin à opérer en lui-même l’action du Réparateur, en s’immolant, à son exemple, pour se séparer du règne matériel, organe du mal.

     

    On retrouve aussi d’autres ouvrages dans ses œuvres majeures comme « De l’esprit des choses publié en 1800, et parmi ses œuvres posthumes « Des Nombres » publié en 1848.

     

     

     C – SA PENSEE

    Nous avons vu plus haut que Saint-Martin s’éloigne de la Maçonnerie et qu’il rejette la théurgie Coën, voie de l’externe, pour proposer une voie plus intérieure. Cette voie est celle de l’interne nommée parfois imprudemment la voie cardiaque. Si Saint Martin utilise plus volontiers les mots « voie de l’interne » c’est probablement afin d’éviter la confusion néfaste avec ceux de « voie cardiaque ».

    Bien évidemment, il ne s’agit pas des bons sentiments, des bonnes actions non plus que de l’affect comme pourrait le laisser entendre le mot « cœur » : ce domaine là est uniquement celui du terrestre et de la matière.

     

    Le cœur, siège de la voie interne, signifie autre chose !

     

    Dans l’homme, ce cœur là, est la figuration de son centre radical, de sa pure Conscience. La voie interne est une exploration systématique et consciente de notre univers intérieur, depuis les zones superficielles jusqu’au centre radical qui, lui, est éternel.

     

    C’est dans ce sens là uniquement qu’il faut entendre la pensée de Saint Martin. Explorons donc sa pensée si riche et si simple à la fois.

     

    En quoi consiste donc cette voie de l’interne ? Je viens de la définir mais laissons la parole à Saint Martin, il nous dit : « La seule initiation que je prêche et que je cherche de toute l’ardeur de mon âme, est celle par où nous pouvons entrer dans le cœur de Dieu et faire entrer le cœur de Dieu en nous pour y faire un mariage indissoluble qui nous rend, l’ami, le frère et l’épouse de notre Divin Réparateur. Il n’y a d’autre mystère pour arriver à cette initiation que nous enfoncer de plus en plus jusque dans les profondeurs de notre être et de ne plus lâcher prise que nous ne soyons parvenus à en sortir la vivante et vivifiante racine ».

     

    Saint Martin nous invite donc à entrer, avec une sorte de dépouillement, dans le recueillement, le silence, la méditation solitaire qui va nous conduire à un cœur à cœur avec Dieu.

     

    Il convient pour y parvenir d’aller chercher au plus profond de nous-mêmes, dans notre cœur/centre, les lumières enfouies qui n’attendent que de se révéler à nous pour peu que l’on s’en donne les moyens.

     

    Ces moyens sont la purification, la sanctification, la régénération et la prière. La purification est une condition obligatoire pour pouvoir s’unir à Dieu. Comme on ne fait pas entrer un hôte dans une maison sale, il serait bien illusoire de vouloir convier Dieu dans un cœur/centre souillé.

     

    Il faut donc en extirper toutes nos prétentions humaines, la plupart du temps très égotiques, abandonner nos attachements à ce qui n’est pas fixe en nous pour nous approcher le plus possible de la seule Vérité. Saint Martin nous le dit dès la 1ère page du Nouvel Homme : « la Vérité ne demande pas mieux que de faire alliance avec l’homme mais elle veut que ce soit avec l’homme seul et sans aucun mélange de tout ce qui n’est pas fixe et éternel comme elle ». Il nous dit plus loin : « tremblons donc que les canaux de notre être ne soient pas assez purifiés pour que la Vérité passe en lui sans y éprouver de la gène et de la douleur ».

     

    Prenons donc bien conscience de la dégénérescence de notre condition actuelle, des ravages quotidiens que produisent nos ego et de leurs tristes répercussions. Reconnaissons nous donc totalement indignes, petits et misérables mais dignes cependant dans l’espérance de retrouver un jour notre vraie nature.

     

    Qu’en est-il maintenant de la sanctification ? Voilà ce que nous en dit Saint Martin au chapitre 224 de l’homme de désir : « Le Père a sanctifié le Fils, le Fils a sanctifié l’Esprit, l’Esprit a sanctifié l’homme. L’homme doit sanctifier tout son être ; son être devait sanctifier les agents de l’univers ; les agents de l’univers devaient sanctifier toute la nature et, de là, la sanctification devait s’étendre jusqu’à l’iniquité ».

     

    Vaste programme qui reste à accomplir en ce qui nous concerne. Nous devons absolument nous abandonner tout entier à l’amour Divin, mettre à nu notre cœur et nous confier à la miséricorde du Seigneur. C’est véritablement un total engagement de notre être, sans la moindre retenue, un « retranchement des œuvres du monde » conscient et accepté.

     

    Bien sûr, nous sommes prisonniers de notre corps de matière et nous continuons en permanence à commettre des actes plus ou moins réprouvés. C’est donc avec cette lucide certitude que nous devons nous engager sur le chemin de la régénération, faire mourir en nous le vieil homme pour permettre la naissance du nouvel homme.

     

    Il va falloir transformer l’homme dégradé en homme régénéré, car sans cette transformation du cœur aucune prière n’est prononcée correctement. Les ténèbres ne sont dissipées que par la régénération spirituelle et c’est au prix d’un repentir sincère que se renouvelle le cœur et que s’envisage la régénération. Voilà le véritable travail de l’interne car c’est dans le cœur/centre que s’obtient, ou pas, un devenir pour l’âme.

     

    C’est donc dans ces conditions réalisées que la prière va devenir opérante !

     

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    Comment faut-il donc prier ? Il y a bien évidemment plusieurs manières de le faire en fonction de différents critères mais dans l’homme de Désir Saint Martin nous dit : « si vous ne savez pas comment prier, répétez donc sans cesse : je commande à l’iniquité de fuir loin de moi ; je commande à tous les secours naturels et spirituels de se rassembler autour de moi ; je supplie tous les élus purs de me conduire et de me protéger ; je me prosterne devant celui qui seul peut rétablir tous mes rapports ».

     

    Cette prière est puissante. En effet « je commande à l’iniquité de fuir loin de moi », par cet acte conscient, la porte inférieure du cœur est fermée. C’est la phase de purification. « Je commande à tous les secours naturels et spirituels de se rassembler autour de moi » cette phase de demande s’effectue par la porte supérieure du cœur qui ouvre sur le monde des puissances divines pures mais aussi sur toutes les puissances secondes qui dirigent la création. Saint Martin ne nous demande pas de nommer qui que ce soit, car, l’attitude du théurge est d’accepter ce que Dieu veut bien lui donner et seulement cela. « je supplie tous sacred-heart-doves-chalice.jpgles élus purs de me conduire et de me protéger » : cette seconde demande s’adresse à la communion des Saints. Là encore, on ne nomme personne, viendra à nous qui doit venir en fonction de la volonté Divine. « Je me prosterne devant celui qui seul peut rétablir tous mes rapports » : cette attitude est la seule qui permette de s’ouvrir en coupe pour recevoir ce que Dieu veut bien nous accorder.

     

    Nous retrouvons dans cette prière : purifie toi – demande – reçois, ce qui permet l’action juste. Dans les trois phases préliminaires le théurge fait un appel direct aux êtres concernés. Pour appeler Dieu, il entre en totale passivité par la prosternation. Cet appel à la réhabilitation est lancé vers Dieu dans un respect absolu. Elle marque l’humilité du théurge qui sait que seul Dieu possède le véritable agir.

     

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    Ceci n’est qu’une petite approche de la prière, qui va terminer le survol de la pensée de Saint Martin sur laquelle il y aurait encore beaucoup à dire mais le temps ce soir nous manque pour aller plus loin…Laissons quand même à Saint Martin les mots de la fin :

     

    « Ma tâche dans ce monde a été de conduire l’esprit de l’homme par une voie naturelle aux choses surnaturelles qui lui appartiennent de droit mais dont il a perdu totalement l’idée, soit par sa dégradation, soit par l’instruction fausse de ses instituteurs…Cette tâche est neuve mais elle est remplie de nombreux obstacles et elle est si lente que ce ne sera qu’après ma mort qu’elle produira ses plus beaux fruits… »

     

     

    Joelle Soulier, le 29 novembre 2013